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Non, le Parti « socialiste » n’a rien trahi, il est resté fidèle à sa fonction : sauver le capitalisme

« La deuxième droite », un documentaire à voir pour tous ceux qui se feraient encore des illusions à propos du Parti « socialiste » en particulier et de la « social-démocratie » en général, pour tous ceux qui s’étonnent encore que ce parti qui se dit « de gauche » soit capable de mener une politique plus favorable encore au Capital que la droite…

« La deuxième droite » interroge Jean-Pierre Garnier, auteur en 1986 d’un essai éponyme. « La deuxième droite », c’est ainsi qu’il appelle la « gauche » au pouvoir sous Mitterrand, et en particulier la prétendue « deuxième gauche », qui se prétendait plus « moderne » et plus en phase avec les « réalités ».

Pour comprendre la politique actuelle des Hollande, Valls et consorts, il est important de se rappeler ce qu’a été celle du PS au pouvoir dans les années 80 sous la présidence de Mitterrand. Car ce que nous vivons sous le mandat de François Hollande se situe en sa droite ligne et n’a rien de vraiment nouveau.

Jean-Pierre Garnier bat en brèche l’idée que le PS aurait trahi, rompu avec ce qu’il aurait vraiment été, que ce soit en 1983, lors du fameux « tournant de la rigueur », ou ces dernières années… Pour lui, le PS n’a jamais été un parti sincèrement « de gauche », le PS est toujours resté fidèle à son fonction : celle de sauver le capitalisme, celle de défendre l’ordre établi. Sauver le capitalisme, soit en faisant miroiter et en faisant voter des mesures « de gauche » plus ou moins ambitieuses (quand la classe ouvrière est puissante et menaçante) pour apaiser les colères et les velléités subversives et sauvegarder les fondamentaux, soit en se chargeant (quand le rapport de force est plus favorable au Capital) « de faire avaler les pilules les plus dures à avaler, enrobés de tout un discours lénifiant pour que les gens acceptent ».

Quoi de mieux en effet pour faire accepter des politiques libérales détestables que de les faire faire appliquer par un gouvernement dit « de gauche » – d’autant plus quand celui-ci a donné préalablement des gages de bonne volonté à son électorat (en 1981 c’étaient les nationalisations, la retraite à 60 ans, la cinquième semaine de congés payés…) – pour nous inculquer l’idée « que l’on ne peut pas faire autrement », « qu’il faut s’adapter à la réalité telle qu’elle est », bla bla bla – et ainsi éviter de puissants mouvements de protestation… Cela a toujours montré ses preuves. C’est comme ça qu’en 1983, une politique de rigueur pire que celle de Barre quelques années plus tôt a pu passer sans grande opposition.

Sauver le capitalisme, c’est-à-dire aussi nous adapter au nouveau stade du capitalisme, c’est-à-dire celui qui s’active à nous faire intérioriser notre soumission, à faire concorder nos désirs avec les siens. C’est tout le travail idéologique qui a été celui de la « deuxième gauche ». Ainsi toutes les belles idées d' »autonomie, d' »autogestion », ont été complètement retourné pour servir le capitalisme. On a fait miroiter aux travailleurs l’autonomie (notamment avec les lois Auroux de 1982), mais ça n’a été qu’une manière de les faire « participer à leur exploitation », dans la mesure où les objectifs restaient les mêmes cependant que chacun devenait plus ou moins autonome quant aux manières d’y arriver.